[arrive du bois sombre]

J'aime bien cet endroit. Les hommes ont la même odeur que moi ici : ils ne sont plus tellement homme. Un chien aboie alors que j'entend du vers se briser. Les hommes d'ici ne sont pas des chiens, ils sont tous fiers. Et forts. Je m'approche d'une table avec des hommes forts autour. Il y a à boire et je m'assois. Ils me regardent tous sans parler. Ils guettent : de vrais loups. Je me suis assis en face du chef : il est grand, large et a l'air très fort. Il s'est beaucoup battu, il a beaucoup de cicatrices. Il pose lentement son coude sur la table et tend sa main vers moi : c'est un défi. C'est bien lui le chef de la meute. J'accepte, mais je ne doit pas le battre trop vite, sinon ils vont avoir peur.
Je le laisse un peu prendre l'avantage. Il est fort, pour un humain. Je vais le battre, alors je met mon épaule d'un coup. Mais très vite je vole dans les aires : le chef m'a attrapé avec ses mains et m'a jeté en l'air. Je retombe sur le sol et je cogne sur du dur. Il est vraiment fort, pour un humain.
Il m'enjambe et tire sur mon col de fermier. Il regarde la marque et alors il me dit :

"pas besoin de planquer ça ici. Pas à nous." Il me relève et il continue.
"On a pas besoin de voyant pour les voir, et on a pas besoin d'inquisiteur pour s'en occuper. Alors comme de toute façon l'Église a trop peur pour venir..."
Les autres ricanent un peu.
"On a fait nos propres règles, et elles valent pour tout le monde, homme et bête."

Je hoche la tête. En meute il y a une règle : le chef commande. Et pour l'instant c'est lui le plus fort.
Je retourne m'assoir et on se met a boire. Je ne pose pas de question parce que le chef est clair : ce qu'il dit, il le dit une fois, mais bien. Ils sont marins, et il est second de l'équipage.

Il fait nuit depuis un moment. J'aime bien toutes ces odeurs. Elles me bercent autour de la table. Je ne boit pas souvent, mais je me sens bien. Les autres sont calmes aussi, ils sont détendus. Je sais leur nom, mais c'est tout. Le second a l'air fatigué. Il me regarde bizarrement. Il me demande d'un coup si je vais quelque part de précis. Je lui montre le doc de la tête : non. Alors il me dit qu'il a besoin de bras pour le lendemain, des bras forts. Je lui répond que je suis fort. Il sourit. Je crois qu'il est d'accord. Mais il ajoute que ça ne va pas seulement être un travail pour docker : il faut savoir se battre. Je lui montre les dents sans grogner : je lui dit que sais aussi me battre. Il me dit que c'est bon, mais qu'il manque encore du monde, alors il a une mission pour moi. Je comprend que je pourrait rentrer dans la meute si je réussis. Pourquoi pas. Mais ça attendra demain.

Je suis debout en même temps que les autres. Il ne fait pas encore jours. Je pars. J'ai une mission.

[suite à la salle d'entrainement]